militants de la complexité
- Lionel ROQUES (Délégué syndical CFDT)
- 24 juil. 2018
- 2 min de lecture
Nous avons déjà évoqué la question le mois dernier, les temps ne sont pas à la simplicité...
Prenez le numérique, la place qu’il occupe dans nos métiers… On pouvait penser dans un premier temps que ce serait du « tout bénéfice ».
Les effets positifs s’imposaient comme une évidence :
un accès rapide à une information massive,
un traitement plus fin et plus approfondi des données,
une rigueur accrue dans la méthode de gestion des tâches (issue le plus souvent de démarches algorithmiques aux apparences scientifiques).
On n’en voyait pas encore les travers. A commencer par les phénomènes d’addiction dont on ne finit pas de mesurer les conséquences néfastes sur la vie des individus.
La sphère professionnelle fusionne avec la sphère privée car l’information transite par le même canal (ordinateur, portable, réseau social…).
Le choix entre deux formes de stress s’offre à nous :
celui lié à l’abondance d’information (infobésité)
et celui lié à son absence : « the Fear of Missing Out » (littéralement « peur de manquer quelque chose », FoMO) qui s’est emparée de nous à travers les réseaux sociaux.
Et nous voilà dans ce besoin continu de rester dans la boucle…
Quel rôle joue un syndicat dans ce scénario ?
La CFDT soutient que le numérique doit rester à sa place, celle d’un prodigieux outil mais d’un pernicieux meneur d’hommes. Dans l’absolu, le numérique n’est ni bon ni mauvais mais il sera ce que nous en ferons. Il en va de notre santé au travail. Bien sûr, il est plus facile de prendre le parti des néo-obscurantistes pour qui la digitalisation est la source de tous nos malheurs. Ou celui des apôtres du modernisme béat pour qui l’algorithme est d’essence quasi divine. A la CFDT, les choix binaires nous laissent toujours dubitatifs…
Nous sommes les militants de la complexité !
Nous soutiendrons la numérisation des process là où il y a un gain pour le salarié, nous nous y opposerons là où sera touchée la qualité de vie au travail (QVT).
La complexité dans l’évolution de nos organisations, à Pôle emploi aujourd’hui, tient à ce que les intentions affichées par l’établissement sont généralement destinées à améliorer le sort des demandeurs d’emploi, à simplifier les saisies professionnelles, à rendre cohérentes les structures. Malheureusement cela s’accompagne de velléités de réduction d’effectifs. Inutile de répéter que la CFDT défendra nos emplois, farouchement.
On dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions… Le profil de compétences, par exemple, est une approche différente de ce que nous avions connu au temps où le ROME ne se discutait pas. D’autres pays l’ont mis en place avant nous. Nous verrons demain si cette démarche est mieux ajustée au monde du travail actuel : demandons à juger sur pièces.
Bien entendu, il serait plus confortable de tout refuser en bloc comme se contentent de le faire nos prédicateurs de l’apocalypse!
Mais nous sommes la CFDT et la complexité ne nous effraie pas : nous ne rejetterons pas de façon aveugle, par principe et sans preuves, le monde du futur …
Vous pouvez compter sur nous car la difficulté ne nous fait pas peur. Nous sommes les militants de la complexité !
Posts récents
Voir toutSaisie par plusieurs syndicats, dont la CFDT, qui contestaient la réforme de l’assurance-chômage, la juge des référés du Conseil d'État...
L’audience aura duré trois heures. Trois heures durant lesquelles les représentants du ministère du Travail ont fait face aux questions...
Comments