Le nomadisme ou comment s'en débarrasser

Au début des temps, il y avait les chasseurs-cueilleurs.

L’homme se déplaçait pour la recherche de nourriture, quitte à organiser un cycle itinérant qui permettait le renouvellement des fruits et le retour du gibier. Au Néolithique, avec l’agriculture et l’élevage, les populations se sédentarisent. Avec la mesure des surfaces et le comptage des troupeaux, c’est aussi le début du capitalisme mais cela est une autre histoire.

Aujourd’hui, les espèces nomades se perpétuent dans de grandes administrations modernes.

Regardez par exemple Pôle Emploi : culte de l’open-space et des environnements aseptisés et standardisés. Le nomadisme n’était nullement une nécessité, juste un choix organisationnel. Derrière ce choix il ne suffit pas de voir une simple logique économique. Le coût de l’immobilier n’explique pas tout ; au final, les économies réalisées grâce au nomadisme ne sont guère significatives. Dans la logique du travail nomadisé, l’argument économique ne tient pas. En revanche, il reste une vraie logique d’organisation des activités. Les espèces nomades, dès lors qu’elles trouvent un lieu de vie où les besoins primaires seront satisfaits et la sécurité assurée, ces populations donc, se sédentarisent. Le nomadisme est donc le contraire d’une organisation qui s’impose naturellement dès que les conditions en sont remplies !

Alors pourquoi Pôle Emploi met-il aussi peu de diligence à sédentariser les populations de conseillers ? Notons au passage que le nomadisme ne concerne que nous, pauvres conseillers, environ 75% du salariat. On peut supposer que si le nomadisme avait touché l’encadrement supérieur, nous ne serions pas là en train d’en parler !

La question serait réglée depuis belle lurette ! Le nomadisme crée une forme de déséquilibre et se surajoute à une sollicitation intellectuelle forte qu’il faut bien mobiliser pour assimiler le changement permanent. Le nomadisme pose le principe que nous sommes interchangeables, permutables, clonés à l’infini. C’est malheureusement probablement exact mais nous n’avons nulle envie de l’entendre ni de subir cette forme sournoise de brutalité. Une population sous pression est une population qui ne réfléchit pas.

Dans la crise sociale que nous traversons, il est fortement question de la place de chacun, du lieu qu’il occupe dans l’organisation sociale. Chacun cherche sa place. Depuis la création de Pôle Emploi, la CFDT s’est opposée avec force au nomadisme. Cela a été un combat que nous avons mené bien seuls ! Mais il semblerait aujourd’hui que d’autres organisations syndicales s’en émeuvent. Opportunisme ou réveil des consciences, mon naturel optimiste me fait pencher pour la deuxième hypothèse.

Car la revendication salariale n’est pas l’alpha et l’oméga de la raison d’être des syndicats. Une étude du cabinet Ernst and Young montre récemment que les effets bénéfiques sur le salarié d’une augmentation se font sentir pendant 6 mois. Autrement dit, tous les 6 mois le salarié sera à nouveau triste, insatisfait, morose, portera avec lui les stigmates de la non-reconnaissance. Outre le salaire, il y a deux éléments indiscutables qui contribuent à ce que l’on va travailler avec plaisir : ce sont l’intérêt du travail et les relations de travail.

Au-delà de la gratification, nous recherchons tous le sens du travail… Faire croire aux salariés que dès lors qu’ils seront bien payés, tout ira mieux relève de l’escroquerie intellectuelle et d’une simplification manipulatrice. Aujourd’hui, dans le cadre de l’agence de demain, des mesures semblent prises pour éradiquer, ou du moins réduire les méfaits du nomadisme… Comme quoi, quand on veut bien s’en donner la peine !

La lutte contre le nomadisme est inscrite dans l’accord QVT. Je ne vous indique pas de quel article il s’agit : je vous laisse le chercher vous-même. Cela vous permettra de constater que l’accord QVT ne se réduit pas, comme certains le laissent entendre au télétravail.

La CFDT a signé cet accord, nous en sommes fiers.

#Accords #QVT #Conditionsdetravail