La peur n'éloigne pas le danger
- Alex BULLICH
- 23 juil. 2019
- 2 min de lecture
Il en est qui exigent une information sincère et véritable mesurant l'ensemble des impacts des évolutions technologiques, qui des ordinateurs portables pour chaque agent, qui de l'intelligence artificielle.
Il en est qui appellent le retour du bon vieux temps, ce temps béni où l'on affichait les offres d'emploi sur les murs de l'agence tous les matins.
Ha ! Ce progrès ! Ce maudit progrès !
Au XIXème siècle, les canuts lyonnais ont connu des bouleversements de leur profession avec l'automatisation de leur métier. Les métiers à tisser Cartwright avec leurs cartes perforées (tiens, tiens, comme pour les premiers ordinateurs) se passaient de l'habileté manuelle des canuts, puis le Northrop qui a réduit le travail du canut au simple remplacement des canettes vides et au nouage des fils cassés. Le travail de tisseur s'est alors réduit à l'observation de la machine.
Pourtant, les canuts étaient des ouvriers d'un haut niveau de technicité et d'organisation. Le premier conseil de prud'hommes fut à Lyon. Les canuts ont mis en place une presse ouvrière de qualité, des sociétés de secours mutuels, des sociétés syndicales, des coopératives à une époque où n'existaient pas la sécurité sociale, l'assurance maladie, l'assurance chômage, la retraite...
Et pourtant, devant le progrès technique, ils n'ont su opposer que la révolte et le sabotage (lancer leurs sabots dans les métiers à tisser). Ce qui faisait leur force est alors devenu une Force Obsolète.
Aujourd'hui, il n'y a plus de canuts...
Sérieusement, peut-on s'opposer au progrès ? Est-il sérieux de ressasser les dangers du progrès ? De la digitalisation ? De l'intelligence artificielle ? S'éplorer de l'organisation d'une obsolescence programmée des conseillers, d'une réduction massive des effectifs ?
La peur n'éloigne pas le danger.
Comme pour les canuts dont le savoir technique est passé dans la machine, la technique du conseiller passe aujourd'hui dans l'informatique, dans le digital.
Ce qui change dans la digitalisation de nos métiers, au delà de la vitesse de traitement de l'information, est que la digitalisation ce n'est pas du savoir mais de l'information, c'est à dire du calcul et du calcul automatisé (par des algorithmes) .
L'enjeu est, nous semble-t-il, de remettre le savoir au centre de nos métiers. C'est à dire de ne pas se réduire à la calculabilité et à l'automaticité.
Plutôt que de distiller la peur et ramer à contre courant de l'évolution tehnologique, il faut remettre l'humain au cœur de nos métiers.
Un conseiller à l'emploi, c'est un professionnel qui explique aux demandeurs d'emploi comment l'on développe et l'on met en valeur ses savoirs faire comportementaux et techniques, comment on loue ses compétences (louer de location et de louange).
Un conseiller à l'emploi explique aux demandeurs d'emploi comment s'adapter aux évolutions tehnologiques et non pas comment les nier.
Expliquer comment maîtriser la machine et ne pas être maîtrisé par elle, cela la machine ne peut le faire.
La CFDT fait le choix de ne pas tourner le dos à l'avenir, mais de l'affronter et de relever les défis du monde du travail.
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