Il manque une intelligence organisationnelle

La vraie révolution du digital est que chaque fonction de l'entreprise est une somme de processus de plus en plus complexes et de plus en plus technologiques qui interagissent en flux permanents.

Quelle place alors, pour l'agent ou le cadre ?

Intelligence artificielle versus intelligence humaine

Face à l'intelligence artificielle, c'est là que s'impose l'intelligence humaine, car elle repose sur l'autonomie et la créativité. Si l'autonomie et la créativité doivent s'inscrire, s'insérer, dans les processus, c'est qu'elles sont indispensables. Clairement, la CFDT fait le pari de l’humain.

Indispensable à toutes les étapes des processus pour les remettre en question, les vérifier, en valider les résultats, les améliorer et les adapter à la spécificité de notre usager ou client.

Indispensable pour innover...

En même temps, la révolution digitale impacte directement notre relation au temps et donc notre travail, par l'accélération des processus, par l'immédiateté (l'on veut tout et tout de suite...) et crée une intensification de la charge de travail, ce que l'on appelle « gain de productivité ». Il manque encore une autre donnée de l'équation pour articuler l'intelligence artificielle avec l'intelligence humaine, c'est l'intelligence organisationnelle.

Si l’implication dans le travail reste une réalité pour nombre de travailleurs qui voient leur travail s’intensifier, le vécu au travail se définit aussi par la capacité à s’organiser face à un flux permanent de sollicitations.

Certes, la charge de travail est une donnée qui revêt une dimension subjective. Aussi ce constat conforte-t-il l’importance du ressenti, de l’expression des salariés qui appelle à une écoute renouvelée. L’intensification générale du travail est réelle, ce que confirment les enquêtes SUrveillance Médicale des Expositions des salariés aux Risques professionnels (SUMER) auprès des salariés de 50 000 entreprises privées et des trois versants de la fonction publique et rejoint les analyses de l’enquête CFDT Parlons travail.

Catherine PINCHAUT, secrétaire nationale de la CFDT, rappelle : « Depuis 10 ans, les entreprises reportent sur les managers leur responsabilité en termes de compétences organisationnelles, d’intelligence du travail. Les cadres de proximité manquent de moyens et d’autonomie, alors qu’ils sont en première ligne sur les enjeux de performance, d’obligation de santé-sécurité, etc. Ils sont les premiers interlocuteurs en matière de ressources humaines. Ne déversons pas sur eux, et encore moins sur les individus des entreprises qui en seraient hypothétiquement « libérées », la charge collective d’une organisation à la fois efficace et bienveillante.»

Charge de travail, rester en alerte !

Car quand les personnes souffrent, c’est le travail qu’il faut également soigner, n’avons-nous de cesse de plaider. Et pour cela, se donner des moyens concrets d’analyser le travail, de questionner les modèles de gestion, d’interroger ce qui fabrique de la souffrance, de la détresse, ce qui empêche le travail « bien fait ».

C'est ce que nous faisons, par exemple, avec nos journées thématiques dédiées aux cadres avec l'ARACT des 24 et 25 septembre et 22 octobre prochain sur les conditions de travail.

C'est ce que nous faisons aussi auprès de notre employeur.

La CFDT défend une approche organisationnelle, managériale, de la santé au travail. Faire face à l’intensification, c’est déployer des acteurs et des méthodes de prévention. L’intervention médicale, parfois indispensable, doit être contenue au niveau de l’urgence individuelle. Beaucoup de pathologies cognitives sont liées au travail, mais la réponse doit demeurer dans l’amélioration de la qualité de l’organisation.

Pour la CFDT, « la prévention en matière de santé et de sécurité au travail doit faire l’objet d’un véritable dialogue social. ».

#AvisCFDT